Jean-Christophe POUSSIN

Du diagnostic à l’action en agriculture. Activités, espaces et modèles.

Résumé

L’activité de l’agronome s’ancre dans la parcelle cultivée. La parcelle expérimentale lui sert à connaître les processus biophysiques de production agricole ; la parcelle paysanne le confronte à la gestion de cette production. Pour identifier les déterminants de cette gestion, l’agronome doit élargir son champ d’analyse et changer d’échelle d’observation. Le diagnostic agronomique relie alors ces déterminants aux modalités de conduite des cultures et à leurs conséquences biophysiques. L’agronome peut aussi proposer d’améliorer les performances du processus de production en jouant sur des leviers biophysiques, techniques ou organisationnels. La conception d’outils d’aide à la décision relève de ces propositions et s’alimente des connaissances issues du diagnostic.
Cette démarche de recherche-action est illustrée dans la vallée du Sénégal et concerne le développement de la riziculture irriguée dans des aménagements hydro-agricoles. Le diagnostic de la situation articule plusieurs échelles : parcelle, exploitation, périmètre irriguée, filière rizicole. La proposition qui est faite pour améliorer les performances de cette riziculture concerne l’organisation des producteurs au sein d’un aménagement. Mais d’autres propositions pourraient être faites à une échelle plus vaste pour réduire les dysfonctionnements de la filière entière.
Restant dans le domaine de l’irrigation, le projet de recherche concerne la représentation de la demande agricole en eau. Un cadre de modélisation s’appuyant sur un concept simple d’activité de production associée à un espace géographique est proposé. Ce cadre est utilisé pour construire avec les acteurs une représentation des activités agricoles à l’échelle régionale. La spatialisation des résultats de ces activités et leur superposition avec d’autres cartes constituent ensuite des bases de réflexion sur les interrelations entre usages et ressources. Car c’est l’évolution de ces interrelations qui est au cœur de l’anthropisation des milieux, de sa maîtrise et de son caractère durable.